TOP 5 – LIVRE N°4

Le mode avion

TOP 5 - LIVRE N°4

TOP 5

LIVRE NUMÉRO 4

LE MODE AVION

LAURENT NUNEZ

Le quatrième livre de ma sélection de Septembre 2021, dans l’ordre « éphémère » du classement.

« L’avenir nous tourmente, le passé nous retient, c’est pour ça que le présent nous échappe. »

Gustave Flaubert

JETHEME.FR : Lu

« Je serai votre professeur cette année, mais je crois que je ne peux rien faire pour vous. »

« Et puis les gamins comme tous les gamins avaient fait de la volupté une pensée. Quant aux autres professeurs, ils croyaient faire de leur pensée une volupté. Des répétiteurs ! »

« Petits, petits, petits soldats, et petits rêves, et petits pas. »

« C’est incurable hélas. J’ai une très grave maladie, horrible de nos jours : je vois le langage.« 

« Partout des mots ! Partout du langage ! Mais d’où cela venait-il donc ? À quoi cela servait-il donc ? À convaincre ? À tromper ? À construire ? À détruire ? En fait, et depuis la nuit des temps, personne n’y comprenait rien. »

*

« – Ce que j’admire le plus dans votre art, dit Albert Einstein c’est son universalité. Vous ne dites pas un mot, et pourtant… le monde entier vous comprend.

– C’est vrai, réplique Chaplin. Mais votre gloire est plus grande encore : le monde entier vous admire, alors que personne ne vous comprend. »

Si la citation n’est ni de Einstein ni de Chaplin, et qu’elle est sans doute apocryphe, elle aurait pu nous concerner, moi, Étienne Choulier et mon ami Meinhof.

C’était encore l’époque où l’on pouvait vivre sans travailler à condition de quitter la ville pour la campagne. Meinhof et moi, on se promit de s’aider et de ne revenir à Paris qu’avec deux théories incroyables. Inoubliables.

Au mas Chinon. Sans livres, collègues, élèves, amours, amis, contraintes, horaires, radio, téléphone, boite aux lettres… Il n’y avait plus rien, absolument plus rien autour de nous ! rien que le silence pour entendre le langage…

En mode avion.

« Tous les hommes ont un désir naturel de savoir. » Aristote.

Si nous n’avons pas encore trouvé ces théories que nous trouverons, c’est que nous cherchions mal. Nous cherchions dans les livres ! Nous cherchions à prouver la vitalité du langage à travers la pensée de gens qui sont morts !

Au bistrot du village, je me reconnecte à la Vie, j’aime prendre des notes en écoutant les villageois. Tout s’écoutait plus ou moins. Tous parlaient de tout et de rien comme mes anciens élèves.

On passe du cinématographe à cinéma et ciné. Jusqu’où pourrait-on râper ce mot-ci sans lui ôter sa pleine signification ? Et l’avenir du langage, serait-ce donc la miniaturisation de tous les mots de la langue ?

Et pourquoi le mot jour semble-t-il plus sombre que le mot nuit, qui d’ailleurs brille un peu ?

C’est la grande force du langage : réussir à dire des choses impossibles, proprement inimaginables.

Je demande la précision chrono-linguistique.

Avec L’énigme des premières phrases (Grasset, 2017), Il nous faudrait des mots nouveaux (Le Cerf, 2018) et d’autres titres d’ouvrages cités ci-dessous, Laurent Nunez nous offre ici un livre passionnant, bouillonnant d’érudition et drôle. On tourne les pages comme Choulier découvre par sa quête infatigable une étrange tournure de phrase, une faute de français ou l’union incongrue de deux mots. Sa contribution à la Science et à la Linguistique. Sans parler de Meinhof, chercheur lui aussi.

Un roman d’amitié avec des thèmes majeurs tels que la linguistique, la recherche et l’humour sur fond de guerre.

Et pour toi, que penses-tu de l’histoire, des personnages et des thèmes du roman ? L’as-tu lu ou es-tu sur le point de le faire ? Si tu veux donner ton avis clique ici…

« Le mode avion », de Laurent Nunez : la grammaire au grand air. En 1935, deux savants s’isolent du monde pour repenser la linguistique. L’écrivain signe un nouveau et surprenant roman. On retrouve cette tentation de prendre la tangente dans tous les livres de Laurent Nunez. « Peut-on échapper à sa famille, au groupe social, aux exigences de la communauté (…), aux aiguilles qui tournent sur les cadrans des montres ? », se demande-t-il déjà dans Les Récidivistes (Champ Vallon, 2002). On peut aussi, d’un texte l’autre, de Si je m’écorchais vif (Grasset 2015) à Regardez-moi jongler (Cerf), faire une foule d’allers-retours, emprunter toutes les passerelles, les gués, qui conduisent à ce roman foisonnant. » Par Xavier Houssin (collaborateur du « Monde des livres).

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